Il était une fois le CNCD
Le Centre national de coopération au développement / Nationaal Centrum voor Ontwikkelingssamenwerking (CNCD/NCOS) est né le 26 avril 1966. Quatre collectifs d’associations de solidarité avec le tiers-monde [1] entendaient ainsi répondre à l’appel de la FAO – l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation - pour éradiquer la faim dans le monde. Elles créent donc une coupole regroupant plusieurs jeunes associations belges de solidarité internationale, qu’on appellera plus tard organisations non gouvernementales (ONG).
L’idée première de cette coupole était de mettre la coopération au développement au-dessus des parties prenantes et des grandes idéologies de l’époque en la plaçant sous le parrainage de différentes personnalités des trois piliers politiques (socialiste, chrétien et libéral) qui ont marqué l’histoire du pays. Son premier président fut Paul-Henri Spaak, le même qui exerça entre autres les fonctions de Premier ministre, secrétaire général de l’OTAN et président de la première Assemblée générale de l’ONU.
Il était une fois 11.11.11
Le CNCD lancé, celui-ci organisa quelques mois plus tard, le 11 novembre exactement, la première Opération 11.11.11. Son objectif : mobiliser des fonds auprès de la population belge pour financer des projets de développement dans le tiers-monde. Pourquoi 11.11.11 se demandent souvent les gens ? Parce que les fondateurs de la coupole voulaient rappeler qu’il n’y avait pas de développement possible sans paix, et inversement, d’où le choix d’organiser cette récolte le 11e jour du 11e mois à la 11e heure, soit le moment où traditionnellement les anciens combattants fleurissaient les monuments aux morts.
11.11.11, oui mais…
Si les premières années sont marquées par une vision caritative, les années 70, sous l’impulsion des mouvements tiers-mondistes, font évoluer l’organisation vers une coordination plus large d’une centaine de membres. Le CNCD-11.11.11 se sépare alors des personnalités politiques et se développe autour de trois piliers : les ONG tiers-mondistes, les comités locaux de volontaires et les mouvements socio-culturels et de jeunesse. L’organisation devient ainsi le lieu de convergence d’organisations pour lesquelles le développement est lié aux changements structurels dans les politiques internationales. La coupole se fixe alors trois missions : le financement de projets dans le tiers-monde, les interpellations politiques et l’information du public belge.
On se sépare mais on reste amis
Alors que l’organisation évolue vers une approche davantage fondée sur la défense des droits humains et sur la solidarité avec les luttes des peuples du tiers-monde, la demande d’autonomie de l’aile flamande, le NCOS (devenu depuis 11.11.11), aboutit à la scission en deux entités juridiques distinctes en 1981. Aujourd’hui, les collaborations restent permanentes et les campagnes sont souvent communes ...
Un profil politique qui s’affirme
Au cours des années 1980, le CNCD-11.11.11 multiplie les combats politiques : contre l’apartheid en Afrique du Sud, pour la démocratie au Congo/ Zaïre, contre la faim dans le monde. Formellement agréée en 1991 en tant qu’ONG par le gouvernement – ce qui donne accès à un cofinancement public –, le CNCD-11.11.11 poursuit au cours des années 1990 son travail politique. A l’époque déjà, une campagne a été menée sur la régulation des marchés financiers et la lutte contre la spéculation financière. 1992 voit aussi la question environnementale faire son entrée dans le secteur du développement avec le Sommet de la Terre de Rio. Des enjeux toujours et encore plus d’actualité.
Soutenir la société civile du Sud
Le début des années 2000 est marqué du sceau de la dette du tiers-monde. Le CNCD-11.11.11 participe à la mobilisation mondiale du Jubilé 2000 pour l’annulation de la dette du tiers-monde et lance une grande campagne de trois ans en Belgique. En 2003, les trois syndicats (CSC, FGTB et CGSLB) rejoignent la coupole, dont le nombre et la nature des organisations membres continuent de s’élargir. C’est également à cette époque que débute un processus de réforme institutionnelle, qui passe notamment par la création en 2006 d’un programme « citoyenneté et démocratie » financé par l’Opération 11.11.11 [2]. Celui vise le renforcement des capacités de la société civile du Sud par le biais de coordinations et de coupoles d’ONG et d’associations. Sa philosophie part du postulat que la démocratie fait partie intégrante du processus de développement et que la construction de contre-pouvoirs citoyens coordonnés et suffisamment représentatifs représente le ciment indispensable à la mise en œuvre de politiques de développement reflétant les attentes des populations locales. En 2015, l’organisation d’Assises de la coopération aboutit à l’adoption d’une nouvelle charte politique en vue d’affronter les enjeux du 21e siècle. Cela ne fait pas de doute : du chemin a été parcouru depuis la vision caritative des débuts.
En 50 ans d’existence, le CNCD-11.11.11 a traversé une bonne partie de l’histoire de la coopération au développement en général et des ONG en particulier. Bon gré, mal gré, à travers les débats, les combats et les réformes, dans les classes d’écoles, les couloirs du parlement ou dans la rue, il s’est fait une place au sein de la société civile et est devenu avec son homologue néerlandophone le principal interlocuteur du gouvernement sur les questions de coopération internationale.
Chronologie de l’histoire du CNCD-11.11.11

50 ans de solidarité internationale « made in Belgium »

Supplément édité en collaboration avec le magazine Imagine demain le monde publié à l’occasion des 50 ans du CNCD-11.11.11
Il était une fois le CNCD-11.11.11
