Raid contre la société civile palestinienne : la Belgique doit réagir
Les ONG belges demandent des actions concrètes aux niveaux belge et européen suite à la fermeture par Israël de leurs organisations partenaires palestiniennes. « La criminalisation des organisations de la société civile est inadmissible. Il s’agit d’un acte caractéristique de régimes autoritaires dans l’autoproclamée ’seule démocratie’ du Moyen-Orient », selon une coalition d’ONG belges.
Le 18 août au matin, l’armée israélienne a opéré une descente dans les bureaux de sept grandes organisations palestiniennes [1] à Ramallah. Des images et des témoignages montrent que l’armée israélienne a saccagé leurs bureaux et le matériel de bureau, et a confisqué des documents. Les portes d’entrée des organisations ont également été scellées et un ordre militaire leur interdit de rouvrir ou de poursuivre leur travail.
En octobre 2021, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a qualifié ces organisations d’“organisations terroristes« et, peu après, le commandant militaire en Cisjordanie les a également déclarées illégales. Les preuves de ces accusations grotesques n’ont jamais été fournies, malgré les demandes répétées de l’UE, des États-Unis et de certains États membres européens. Après avoir mené leurs propres enquêtes, les États membres de l’UE, dont la Belgique, ont qualifié les déclarations israéliennes d’infondées et ont déclaré qu’ils continueraient à »soutenir fermement la société civile palestinienne".
Attaque frontale
Parmi ces organisations, on retrouve également des partenaires d’ONG belges qui sont soutenues par des fonds de la coopération belge au développement. Dans une déclaration commune, le CNCD-11.11.11 et son homologue flamand 11.11.11., l’Association Belgo Palestinienne, Broederlijk Delen, De-Colonizer, le MOC, Pax Christi, Palestina Solidariteit, SBOverseas, Viva Salud, Vrede VSW, Solsoc et la Centrale Générale FGTB tirent la sonnette d’alarme.
« Cette attaque frontale contre la société civile palestinienne s’inscrit dans un contexte plus large. Les ONG impliquées semblent jouer un rôle crucial dans la documentation et le signalement méticuleux des violations des droits de l’homme et des infractions au droit de la guerre », affirment les ONG belges. « À l’heure où la réalité du régime d’apartheid israélien est de plus en plus exposée, et où l’Autorité palestinienne devient de plus en plus autoritaire, la société civile palestinienne est essentielle. Ils constituent le dernier bastion pour les Palestiniens de la défense des droits humains. »
Plusieurs des organisations visées ont fourni ces derniers mois des éléments de preuve à la Cour pénale internationale de La Haye dans le cadre de l’enquête sur les violations du droit international dans les territoires palestiniens occupés depuis 2014.
Menace existentielle
Cette attaque constitue une menace existentielle pour la société civile palestinienne. Sans une réponse européenne claire, il est fort probable que nous devons craindre des arrestations des principaux membres du personnel de ces organisations, voire qu’ils doivent suspendre leurs activités. De simples déclarations de l’UE, sans conséquences concrètes, n’impressionnent pas les autorités israéliennes, comme nous pouvons une fois de plus le constater.
Si la Belgique et l’Union européenne accordent une vraie importance au droit international et à une société civile autonome et forte, elles doivent maintenant faire pression sur Israël avec des moyens efficaces. Les accusations de terrorisme doivent être abandonnées et les organisations, leur personnel, leurs bureaux et leurs biens doivent être protégés afin qu’ils puissent poursuivre leur travail crucial en toute liberté et sécurité.
« Les déclarations insipides sur l’importance d’une société civile palestinienne forte et libre n’empêchent pas le gouvernement israélien d’aller plus loin dans ses efforts pour réduire au silence les organisations palestiniennes. Ces organisations n’ont pas besoin d’une énième condamnation ou expression de préoccupation, mais d’une pression diplomatique forte sur Israël. »
« L’UE doit faire comprendre que cette attaque aura des conséquences considérables sur les relations diplomatiques entre Israël et l’UE. Dans un premier temps, les organisations demandent la suspension immédiate du Conseil d’association UE-Israël prévu pour octobre 2022 », indiquent le CNCD-11.11.11, son homologue flamand 11.11.11., l’Association Belgo Palestinienne, Broederlijk Delen, De-Colonizer, le MOC, Pax Christi, Palestina Solidariteit, SBOverseas, Viva Salud, Vrede VSW, Solsoc et la Centrale Générale FGTB.
[1] Addameer, Al Haq, Defense for Children International - Palestine, Union of Agricultural Work Committees, Bisan Center for Research and Development, Union of Palestinian Women Committees, Health Work Committee.